jeudi 3 mars 2011

Djerba (جربة)


Du XVIe au XIXe siècle[modifier]

Vers 1500, Djerba passe sous influence ottomane : le corsaire ottoman Arudj Barberousse obtient du souverain hafside le contrôle de l’île38, qui devient la base de la dizaine de navires de son escadre. En 1511, les troupes du royaume d’Espagne, sous le commandement de Pedro Navarro, attaquent Djerba pour y établir une forteresse qui appuierait les conquêtes d’OranBougieAlger et Tripoli ; elles subissent cependant une défaite39. En 1513, l’île est pillée par les Génois.
Façade du fort Borj El Kebir de Houmt Souk, partiellement masquée par des palmiers.
Borj El Kebir de Houmt Souk
Djerba est finalement placée sous souveraineté espagnole, de 152040 à 1524 et de 1551 à 1560, mais sans occupation durable. Elle redevient une base temporaire pour Khayr ad-Din Barberousse et, de 1524 à 1551, l’une des principales bases des corsaires ottomans et nord-africainsconduits par l’amiral Dragut. En avril 1551, lors d’une expédition organisée par les chevaliers de Malte et le vice-roi de Naples contre lui, Dragut est bloqué dans un canal djerbien par les galères du Génois Andrea Doria mais parvient à leur échapper41,42.
Une flotte européenne, principalement composée de navires espagnols, napolitains, siciliens et maltais, sous la direction de Juan Luis de la Cerda, duc de Medinaceli, occupe à son tour l’île en 1560 pour l’aménager en base d’opération contre Tripoli43,41. C’est dans ce contexte de rivalité pour le contrôle de la Méditerranée qu’une bataille navale oppose au large de l’île, du 9 au 14 mai 1560, cette flotte à la flotte ottomane menée par Piyale Pacha et Dragut. Les Ottomans coulent trente navires chrétiens et font 5 000 prisonniers le 15 mai ; la petite garnison chrétienne de Djerba est exterminée après une farouche défense et ses ossements amoncelés en une pyramide, la Tour des crânes, qui subsiste jusqu’en 184641,44. Cette expédition est l’un des événements militaires et politiques les plus marquants du xvie siècle45.
En 1568, le pacha de Tripoli, Djaafar Pacha, se présente aux Djerbiens pour demander un grand tribut ; l’île est prise par l’un de ses successeurs, Ibrahim Pacha, en 159846. En septembre 1611, elle est attaquée par une puissante flotte de navires napolitains, génois et maltais ; près de cinq cents de ses habitants perdent la vie dans sa défense47. Pendant lexvie siècle et le début du xviie siècle, elle dépend alternativement des gouverneurs d’Alger, de Tripoli ou de Tunis. Son annexion à la Tunisie se concrétise par un accord conclu en161448. À partir de 1705 et l’établissement de la dynastie des Husseinites, le bey de Tunis y est représenté par un cheikh et des caïds recrutés au sein des familles locales les plus influentes. Après les Senumeni, au xvie siècle, la plus importante d’entre elles est celle des Bel Djelloud. L’un de ses membres, Saïd, utilise tous les navires de l’île pour empêcher que Younès, fils d’Ali Ier Pacha, puisse se rendre sur Djerba, ce qui lui coûte la vie. De la seconde moitié du xviie siècle aux xviiie et xixe siècles, la famille dominante est celle des Ben Ayed.
À partir du xviiie siècle, le malékisme se répand sur l’île aux côtés de l’ibadisme tandis que la langue berbère perd peu à peu du terrain face à l’arabe. Durant ce même siècle on assiste à des incursions de la part des nomades Ouerghemma et Accaras provenant de la région de la Djeffara. En 1705 et 1706, la peste fait ravage avant de revenir en 1809. En 1794, Djerba est pillée durant cinquante-huit jours par un aventurier nommé Ali Burghul puis, en 1864, à nouveau attaquée par des nomades de la région de Zarzis. Cette même année sont relevées une nouvelle épidémie de peste et une révolte. En 1846Ahmed Ier Bey interdit l’esclavage49 : l’acte affecte l’économie de l’île qui est alors, avec Gabès, l’un des principaux centres tunisiens du commerce des esclaves alimenté par les caravanes venues des oasis de Ghadamès et de Ghat. Ce trafic se déplace par la suite vers Tripoli.

Depuis 1881[modifier]

Djerba reste sous domination ottomane jusqu’en 1881, date à laquelle la Tunisie passe sous protectorat français à la suite du bombardement de l’île50 et de son occupation militaire :
« Le 28 juillet 1881, les troupes françaises occupent Borj El Kebir, à Houmt Souk, et y restent jusqu’en 1890, date à laquelle l’administration de l’île passe à l’autorité civile51. »
En 1956, la Tunisie accède à l’indépendance et Djerba devient une délégation dépendant du gouvernorat de Médenine. Toutefois, comme le principal adversaire politique du présidentHabib Bourguiba pendant la lutte pour l’indépendance, Salah Ben Youssef, en était originaire, l’île est négligée pendant plusieurs années sur le plan des infrastructures. Alors que dans le reste du pays des hôpitaux, lycées et routes sont construits même dans de petites localités, Djerba doit attendre les années 1970 et 1980 pour en être dotée. Elle n’est pas ungouvernorat alors que des régions beaucoup moins peuplées le sont devenues. Entre 1962 et 1969, en raison des conditions économiques défavorables engendrées par une réforme étatique des structures commerciales, des milliers de Djerbiens s’expatrient (de 5 000 à 6 000 chefs de famille)52 et gagnent l’Europe — la France pour 80 % d’entre eux ; plus de la moitié de ces derniers s’installent dans la région parisienne. Les localités de Sedouikech, Guellala et Ajim se vident de la quasi-totalité de leur population active52.
Le visage de Djerba a beaucoup changé depuis les années 1960 : zone hôtelière, extension de l’aéroport et des zones urbanisées — de simples hameaux devenant de véritables localités —, élargissement des routes ou encore installation de pylônes électriques53. Seules certaines portions de l’intérieur de l’île sont restées presque intactes, de même qu’une partie de la côte méridionale.
En mars 1976, certaines rues d’Ajim sont transformées afin de servir de décor, les 2 et 3 avril, au tournage de Star Wars. Des rues de la ville de Mos Eisley, sur la planète Tatooine, sont ainsi représentées. À quatorze kilomètres au nord, le marabout de Sidi Jemour sert lui aussi de décor pour Mos Eisley et pour Anchorhead, ancien centre minier de la planète.
Le 11 avril 2002, un attentat est commis contre la synagogue de la Ghriba. Un camion bourré d’explosifs saute à proximité de cette dernière : 21 personnes sont tuées, dont quatorzeAllemands, cinq Tunisiens et deux Français, et d’autres blessées. Le gouvernement tunisien parle d’un accident mais les experts suggèrent rapidement un attentat, revendiqué par la suite par Al-Qaida. La communauté juive de l’île compte alors environ 700 personnes, alors qu’elle se chiffrait à 4 300 en 194654.

Architecture et urbanisme[modifier]

Organisation de l’espace[modifier]

Les Djerbiens, ayant eu à subir des attaques répétées venant de la mer tout au long de leur histoire, se sont éloignés des côtes et dispersés dans la campagne à l’intérieur de l’île55. Le bâti traditionnel est donc, en général, isolé et dispersé ; il se structure selon une organisation hiérarchique de l’espace basée sur le menzel, terme signifiant « maison » en arabe littéralet décrivant les espaces résidentiels et fonctionnels dans lesquels vivent les familles. Celui-ci constitue la cellule de base de l’habitat fédéré autour de la mosquée56.
Vue d’une mosquée isolée au milieu d’oliviers, avec un palmier dominant à droite.
Paysage typique de la campagne djerbienne
La campagne djerbienne frappe par son silence, souligné par plusieurs visiteurs célèbres, dont Simone de Beauvoir qui a déclaré que « c’est l’endroit le plus silencieux du monde »57.
Le développement du tourisme sur l’île dès les années 1960 a toutefois engendré une modification dans l’organisation traditionnelle de l’espace, phénomène qui a comme amoindri l’espace central au profit d’une partie des côtes8. Beaucoup de champs ont été abandonnés : une enquête de 1963 estime déjà à 7 000 hectares la superficie des terres en friche sur un total de 39 000 hectares cultivables, soit près du cinquième du potentiel agricole ; les menzels abandonnés ou en ruine sont alors nombreux58. En effet, les jeunes préfèrent des activités moins pénibles et plus lucratives que l’agriculture59 et la main d’œuvre locale représente un coût que le rendement agricole ne justifie que dans de rares cas (en présence de nappes d’eau douce ou à basse salinité). Le centre reste donc marginalisé économiquement et à l’écart des principales voies de communication, même si plusieurs routes ont été goudronnées au cours des années 1990 et si le phénomène n’est pas propre à Djerba. Néanmoins, cette partie centrale tend à être partiellement revalorisée par les habitants qui y construisent des résidences principales de type pavillonnaire8.

Structure traditionnelle : le menzel[modifier]

Article détaillé : Menzel.
Vieux bâtiment longiligne servant comme atelier de tissage traditionnel.
Atelier de tissage
Cour intérieure d’un houch avec ses murs blancs, sa porte et ses grilles aux fenêtres de couleur bleue.
Cour intérieure d’un houch
Le menzel est formé d’une ou de plusieurs unités d’habitation (houch) entourées de vergers et dechamps, auxquelles peuvent s’ajouter atelier de tissagegreniers ou huilerie (souvent souterraine)60et pourvues d’un nombre variable de puits ou de citernes. Entouré de hautes levées de terre (tabia), il est organisé selon un principe défensif56. D’une façon générale, le houch abrite trois générations61.
Il prend une forme carrée ou rectangulaire et ne comporte pas de fenêtres sur l’extérieur, celles-ci ouvrant normalement sur la cour intérieure62. Autour de la cour, s’articulent deux à quatre pièces plus ou moins grandes qui peuvent se diviser au moyen de cloisons internes, de portes ou de simples rideaux (kella) et comprendre des sedda ou doukkana (alcôves en général surélevées utilisées comme chambre à coucher), des magsoura (petites chambres) et des mesthan (petitessalle de bains sans WC). La skifa, située à l’entrée, est la pièce qui réunit les habitants et sert à recevoir les voisins et les visiteurs les moins importants.
Pour les visiteurs de marque, les familles aisées disposent en général d’un makhzin dhiafa indépendant ou rattaché au houch et donnant souvent sur l’extérieur63. Il y a également la zone cuisine et toilette avec le khouss (construction en tronc et branches de palmier)64, le matbakh (cuisine), le houch el bir — puits à eau en général saumâtre qui sert aux travaux ménagers hormis la lessive — et le knif ou mihadh (WC). Autrefois, les garçons qui se mariaient obtenaient leur propre pièce dans le houch parental. Dans certaines localités, ces pièces comportent une ghorfa (seule pièce avec de petites fenêtres donnant sur l’extérieur), qui sert pendant la saison chaude de chambre à coucher65 ; surélevée, on y accède par un escalier intérieur raide et sans rampe. L’utilisation de voûtes et de coupoles est très courante et permettrait de lutter contre la chaleur. L’ameublement est en général simple et austère : des matelas souvent posés directement sur des nattes (h'sira) ou sur des estrades ou banquettes en maçonnerie (sedda ou doukkana), des coffres ou de grosses jarres64 pour ranger lelinge, des marfaa (sorte de portemanteaux), des sofra ou mida, sorte de tables à manger basses car on mangeait assis, les jambes croisées, sur des nattes ou des matelas bas appelés gaada. Les réserves alimentaires étaient conservées dans de grosses jarres en terre cuite (khabiatass ou zir) fabriquées depuis des millénaires dans le village deGuellala66,67. La grande majorité de la vaisselle djerbienne provient également de ce même village.
Vue d’un menzel, depuis un champ d’olivier, avec sa façade blanche dépourvue de portes.
Vue extérieure d’un menzel traditionnel
Compte tenu de la faible pluviométrie (moins de 250 mm par an) et donc de la rareté de l’eau potable, les Djerbiens ont pris l’habitude de construire des citernes (impluviums) qu’ils appellent feskia ou fesghia64 — en général souterraines, de forme rectangulaire ou carrée et situées à l’extérieur du houch — et des majen ou majel — qui prennent la forme d’une grande carafe évasée construite le plus souvent dans la cour intérieure du houch — pour la collecte des eaux de pluie68. Les majen et les feskia reçoivent l’eau de pluie recueillie sur les toits des habitations, leurs terrasses ou cours, espaces passés à la chaux vive (jir) tous les ans avant la saison humide afin de garantir une certainehygiène. Ce système de collecte d’eau pluviale existait déjà à Djerba à l’époque romaine, de grandes citernes ayant été découvertes à Meninx. En 1967, on a estimé à près de 1 000 000 m2 la surface totale des impluviums à Djerba69.
Léon l'Africain, cité par Salah-Eddine Tlatli70 donne au xvie siècle une description de l’habitat et de l’activité de Djerba qui est très proche de la situation des années 1960 : « Gerba est une île prochaine de terre ferme [...] garnie d’une infinité de vignes, dattes, figues, olives et autres fruits. En chacune des possessions est bâtie une maison, et là habite une famille à part, tellement qu’il se trouve force hameaux mais peu qui aient plusieurs maisons ensemble. Ce terroir est maigre, voir qu’avec si grand labeur et soin qu’on puisse mettre à l’arroser avec l’eau de quelques puys profons... ».

Architecture[modifier]

L’héritage architectural de Djerba réside avant tout dans ses nombreuses mosquées (plus de 300 dont moins de la moitié encore en usage71), la dispersion de l’habitat étant à l’origine de la construction de nombre d’entre elles72.
Les couleurs dominantes des habitations djerbiennes sont le blanc vif pour les murs et les toits, le bleu ciel ou plus rarement le vert bouteille pour les portes et fenêtres. D’autres couleurs ont commencé à apparaître depuis l’installation d’habitants venant de l’extérieur de l’île (en majorité du sud et du centre-ouest de la Tunisie) et la construction de maisons « de prestige » par les Djerbiens immigrés73. Sur l’île, il est interdit de construire plus de deux étages au-dessus du rez-de-chaussée et du sous-sol, ce qui a permis de préserver une certaine harmonie architecturale.
À Houmt Souk, il existe plusieurs funduqs à l’architecture particulière74 réunis dans l’ancien quartier maltais (compris entre la mosquée des Turcs, l’église catholique et l’actuelle rue de Bizerte) dont certains ont été transformés en petits hôtels ou auberges. Il existait des fondouks chrétiens à Djerba depuis le xive siècle75.

Réseau de forteresses[modifier]

Vue prise sur les murailles du fort de Houmt Souk dominant la mer.
Murailles du Borj El Kebir à Houmt Souk
Héritage du Moyen Âge, des forts parsèment les côtes de Djerba, témoins de son passé mouvementé. Plusieurs de ces bâtiments de l’époque médiévale furent démantelés.
Le plus grand monument historique de l’île encore en état est le Borj El Kebir, appelé aussi Borj El Ghazi Mustapha ou Fort espagnol. Situé sur la côte au nord de Houmt Souk, sa construction sur les ruines de l’ancienne cité de Girba (actuelle Houmt Souk) a été ordonnée par le souverain hafside de Tunis pour abriter sa garnison vers 139276 puis agrandi aux environs de 1450. Le 11 mars 1560, à la suite d’une défaite, le cheikh Messaoud, placé à la tête de l’île, le remet au vice-roi de Sicile, Juan de la Cerda, qui ne le conserve pas longtemps : le fort est assiégé entre le 11 mai et le 29 juillet par le corsaire Dragut appuyé par Piyale Pacha, l’assaut faisant entre 5 000 et 6 000 morts. Le caïdGhazi Mustapha Bey, installé par Dragut pour faire de l’île une base navale77, achève entre 1560 et 1567 les travaux entrepris par l’expédition de Juan de la Cer (appartements et petite mosquée notamment). Les autorités tunisiennes déclarent le fort monument historique le 15 mars190478 ; il est restauré ensuite et transformé en musée77. Il abrite actuellement deux zaouïas : Sidi Saad et Ghazi Mustapha dédiée à Ghazi Mustapha Bey. Il s’agit de nos jours d’un château fort « de 68 mètres de longueur et 53 mètres de largeur, les murailles [sont] hautes d’environ10 mètres et d’une épaisseur variant entre 1,20 à 1,50 mètre »79, autrefois muni de pont-levis et entouré d’un grand fossé.
Borj El Kastil ou El Gastil est l’un des rares forts de l’époque médiévale qui ait été partiellement épargné80 ; il s’agit d’une forteresse bâtie en 1210 (ou vers 1287 d’après Kamel Tmarzizet81) par le conquistador espagnol Roger de Lauria, l’amiral de Pierre III d'Aragon, roi de Sicile ; De Lauria occupe Djerba sous les ordres de Pierre d’Aragon en 1284 et y place une forte garnison. Le fort est restauré une première fois au xve siècle par le sultan hafside, puis à nouveau au xvie siècle par les Ottomans et au xviie siècle par Hammouda Pacha Bey82. Situé à l’est d’El Kantara, il a une forme carrée d’environ 30 mètres de côté et de 10 mètres de hauteur.
Une forteresse entourée par la mer entre Terbella et El Kantara, appelée Borj El Agrab83, dispose encore de fondations solides mais de dimensions plus modestes. Construite sur les traces d’un précédent fort84, sur un plan de forme circulaire découpé en trois petites pièces, elle a été restaurée et occupée pendant des décennies par les Siciliens et les Espagnols, en particulier le Catalan Ramon Muntaner84. Une légende l’entoure : elle aurait été construite par un prince djerbien, dont l’unique enfant élevé ici pour le protéger meurt à la suite de piqûres d’un scorpion dissimulé dans une corbeille de fruits85.
Il faut aussi citer Borj Jilij, construit par Ali Ier Pacha en 1745 et achevé par Hammouda Pacha en 1795, qui se situe à la pointe nord-ouest de l’île, non loin de l’aéroport et de Mellita. Il est restauré à plusieurs reprises et se trouve placé sous le contrôle de l’armée tunisienne86.
Il existe enfin d’autres forts, modifiés déjà sous le protectorat français puis par les autorités tunisiennes après l’indépendance : Borj Aghir, construit par les Ottomans au xviie siècle et transformé en bâtiment des douanes puis en maison de vacances pour les jeunes81, Borj El Kantara, construit sur les soubassements de l’un des plus anciens forts de l’île et plusieurs fois rebâti. Ce dernier, restauré au xve siècle, est utilisé comme édifice des douanes sous le protectorat français puis par le ministère de l’Intérieur après avoir été agrandi87. Par ailleurs, il existe des traces plus réduites de plusieurs autres forts dont Borj K'sar Massoud, Borj El Wasat et Borj Marsa Ajim19.

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